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La guerre de l’échalote de tradition continue

Le combat se poursuit pour faire reconnaître l’échalote de tradition.

Les producteurs d’échalote de tradition dénoncent la concurrence déloyale de l’échalote de semis et demandent le respect des règles européennes.

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« Nous ne sommes pas contre l’échalote de semis, mais on dit stop aux agissements des semenciers hollandais qui inscrivent des variétés au catalogue de l'échalote alors qu’elles n’en sont pas. » Voilà ce qu’ont expliqué Adrien Corre, président de la section nationale de l'échalote, Eric Porhel, représentant de l’association des producteurs libres, et Bernard Cadiou, président du collectif de l’échalote traditionnelle de Bretagne, lors d’une conférence de presse le 12 janvier 2024.

Tradition contre semis

Le bras de fer ne date pas d’hier, mais de près de 25 ans. « Dans les années 2000, les semenciers hollandais ont réussi à inscrire au catalogue de nouvelles variétés alors qu’elles ne sont pas produites par voie végétative (bulbes) et s’apparentent plutôt à des oignons », a détaillé Adrien Corre, producteur dans le Finistère.

« En 2006, un protocole de l’OCVV (1) a été mis en place au niveau européen pour différencier oignon et échalote, mais les semenciers hollandais ont trouvé une faille et s’y sont engouffrés. En 2013, des analyses ont montré que sept variétés avaient été inscrites illégalement », poursuit-il. Depuis, les Hollandais continuent d’inscrire de nouvelles variétés, la dernière date de 2022.

Les producteurs français dénoncent une usurpation de la dénomination commerciale du produit, et une concurrence déloyale qui tue à petit feu la filière. Contrairement à l’échalote de semis qui est semée mécaniquement, l’échalote de tradition est plantée bulbe par bulbe à la main et récoltée de la même manière. Cela demande 300 heures de travail par hectare.

Beaucoup plus coûteuse à produire, l’échalote de tradition se fait grignoter des parts de marché au fil du temps. D’autant qu’il est très difficile de faire la différence entre les deux à l’œil nu.

Respect de la réglementation

« Une réglementation existe, il faut la faire respecter », insistent les producteurs. Ils demandent également une transparence sur les notations des variétés dont « le système serait opaque » selon eux, et le contrôle par un organisme indépendant. Enfin, ils réclament une meilleure information du consommateur sur l’étiquette du produit avec un renforcement des contrôles par la Répression des fraudes.

Depuis de nombreux mois, les producteurs ont alerté les politiques, les pouvoirs publics et les associations de consommateurs. « Nous avons besoin d’un soutien politique pour avancer sur ce dossier. Il en va de la survie de notre filière », a conclu Adrien Corre.

Aujourd’hui, en France, la filière de l’échalote représente une production de 35 000 à 40 000 tonnes par an essentiellement en Bretagne (80 % des volumes) et dans les Pays de la Loire. Elle regroupe 200 producteurs pour un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros, et fait travailler 3 000 personnes.

(1) Office communautaire des variétés végétales.

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